PME

La situation conjoncturelle en Suisse: prévisions et perspectives pour les PME

Le contexte économique mondial met à l’épreuve les petites et moyennes entreprises (PME) suisses. Mais que leur réserve l’avenir et comment peuvent-elles se positionner? La BCBE a organisé trois soirées destinées aux PME au cours desquels Aymo Brunetti, économiste de renom et responsable du Center for Regional Economic Development (CRED) de l’Université de Berne, et plusieurs spécialistes de la BCBE sont revenus sur ces questions. Synthèse.

Que peut-on dire sur la situation conjoncturelle actuelle en Suisse et dans le monde?

En 2020, la pandémie du coronavirus (COVID-19) a donné un coup de massue à l’économie mondiale; ses effets se font d’ailleurs encore sentir aujourd‘hui. Néanmoins, toutes les régions n’ont pas connu le même sort: tandis que la Suisse et les États-Unis ont plutôt bien résisté, le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro et celui de la Grande-Bretagne ont fortement chuté.

Depuis, l’économie s’est redressée dans bien des pays. «Les taux de croissance restent en deçà de ceux d’avant 2020», déclare Aymo Brunetti, professeur au Département des sciences économiques de l’Université de Berne.

Mis à disposition par l’Université de Berne. En Suisse comme à l’étranger, la croissance économique est aujourd’hui plus faible qu’avant la pandémie de coronavirus.

La situation est similaire du côté des indices des directeurs d’achat (PMI), qui recensent les prévisions mensuelles de plus de 400 directeurs d’achat quant à l’état des commandes et aux prix d‘achat. «L’année 2020 a été marquée par un fort repli. Toutefois, les trains de mesures mis en place en 2021 afin de soutenir la conjoncture ont portés leurs fruits», explique Aymo Brunetti. «Depuis l’été 2022, le climat s’est de nouveau dégradé avant tout en Europe et aux États-Unis, en raison surtout de la guerre en Ukraine et de la poussée de l’inflation.»

Endettement public et conjoncture

Outre les répercussions susmentionnées, la pandémie a entraîné une augmentation de la dette publique à l’échelle mondiale. En effet, les dépenses consenties en vue de freiner la propagation du COVID-19 et les mesures conjoncturelles engagées se sont traduites par des déficits budgétaires élevés.

Cette tendance, que l’on observe depuis plus d’une dizaine d’années, s’est accentuée depuis la crise sanitaire. Des pouvoirs publics voient leur charge d’intérêt se multiplier. La situation est différente aux États-Unis et en Suisse: alors que le pays de l’Oncle Sam voit sa dette publique continuer à prendre l’ascenseur, la Confédération helvétique s’en tire plutôt bien en restant faiblement endettée. Elle fait d’ailleurs figure d‘exception.

Mais la Suisse ne doit pas se reposer sur ses lauriers. «La dette implicite, qui comprend ses engagements, est non négligeable et les prévisions budgétaires indiquent une hausse du déficit structurel», poursuit Aymo Brunetti.

Mis à disposition par l’Université de Berne. À la lecture de son endettement public, la Suisse fait figure d’exception.

Une conjoncture positive en Suisse malgré l’inflation et les relèvements des taux directeurs

À l’échelle mondiale, l’endettement public n’est pas le seul à avoir augmenté sensiblement depuis la pandémie; il en va de même de l’inflation. Les banques centrales ont été appelées à réagir rapidement en relevant leur taux directeur. Les effets ne se sont pas fait attendre: et les taux d’inflation ont reculé dans bien des régions. En Suisse, elle devrait être légèrement supérieure à 1% en 2024.

La Suisse fait preuve de résilience. L’inflation y est nettement inférieure à celle de la zone euro et celle des États-Unis. «Cela s’explique par le renchérissement du franc», souligne Aymo Brunetti. «La monnaie helvétique s’est certes apprécie par rapport à l’euro et au dollar américain mais, corrigée de l’inflation, sa valeur est stable.»

Prévisions pour 2025: croissance modérée en Suisse, en Allemagne et aux États-Unis

Les prévisions économiques pour la Suisse dénotent un optimisme prudent. Les principaux indicateurs conjoncturels laissent entrevoir une légère embellie en 2024 par rapport à l’année écoulée. Le PIB devrait augmenter à 1,2%. «En 2025, il devrait avoisiner 1,5% », projette Aymo Brunetti. La croissance devrait être portée non seulement par la consommation des ménages mais aussi par les investissements en biens d’équipement des entreprises.

À l’échelle mondiale, les indicateurs affichent une tendance similaire. Le Fonds monétaire international (FMI) table sur une hausse du PIB mondial de 3,3%. Néanmoins, elle devrait être sensiblement inférieure à la moyenne mondiale sur les marchés importants pour les PME suisses que sont notamment les États-Unis, l’Allemagne et la zone euro.

«La croissance devrait être plus vigoureuse en 2025.»

Noëmi Capelli, économiste à la BCBE

L’an prochain, la Suisse devrait amorcer une reprise précoce, étant donné que, à nos yeux, le creux de la vague devrait avoir été atteint. Une inflation plus basse, des desserrements monétaires et une hausse des commandes dans le secteur de l’industrie devraient profiter à la conjoncture.

À quoi les PME doivent-elles s’attendre?

C’est bien là, la grande question. Noëmi Capelli, économiste à la BCBE, explique de quoi les PME devront tenir compte.

Quel est le moral des PME de l’espace économique de Berne?

Je dirai que la situation n’est pas la même partout, à l’instar du secteur industriel. Des entreprises du secteur de la pharma et de la chimie enregistrent des chiffres d’affaires enviables, tandis que des PME actives dans l’industrie MEM (machines, équipements électriques, métaux) ou l’horlogerie souffrent de la baisse de la demande de la Chine et de la zone euro. De plus, la vigueur du franc suisse par rapport à l’euro, appelée à durer, ne leur est pas favorable.

Dans le secteur tertiaire, le tableau est lui aussi contrasté. Du côté du commerce de détail, le climat est plutôt morose, au vu des chiffres des ventes de voitures neuves. Par contre, dans le tourisme, l’Oberland bernois affiche un nombre de nuitées record.

Quelle est la situation sur le plan international?

Les entreprises exportatrices doivent composer avec certains risques. Certains marchés de premier plan, comme l’Allemagne et la Chine, par exemple, traversent une période difficile. Le premier pâtit de la consommation des ménages poussive, malgré des salaires en augmentation. Par ailleurs, la bureaucratie, la pénurie de main-d’œuvre et le frein aux investissements dans les infrastructures sont une source de préoccupation pour l’économie. 
L‘Empire du Milieu fait face, lui aussi, à une consommation des ménages faiblarde, à laquelle viennent s’y ajouter une crise immobilière et la baisse d’investisseurs en provenance de l’étranger.

Le franc fort n’est pas non plus sans effet sur les PME suisses. Il pourrait s’apprécier davantage encore en raison du flou géopolitique, des taux d’inflation plus élevés à l’étranger et des différences de taux d’intérêt.

Quel impact l’évolution des taux a-t-elle sur les entreprises? Quelle trajectoire prendront-il?

Actuellement, la courbe des taux est inversée. Cette situation devrait perdurer. Sur le front des taux, la situation devrait se normaliser; les taux longs devraient remonter, une tendance qui devrait se poursuivre en 2025. Ainsi, les entreprises qui prévoient d’investir à long terme devrait, à notre avis, bénéficier de conditions avantageuses.

Nous pensons que le taux directeur de la Banque nationale suisse (BNS) s’élèvera à 0,75% fin 2024 et devrait rester inchangé en 2025. Une évolution conjoncturelle plus molle et un raffermissement du franc suisse plus marqué que prévu pourraient toutefois donner lieu à de nouvelles baisses de taux (les taux d’intérêt de la BCBE).

«Nous attachons une grande importance à la proximité avec la clientèle et au contact personnel.»

Dominique Iseli, responsable Clientèle entreprises à la BCBE

Les PME peuvent compter sur nous, qu’il s’agisse des affaires courantes, des investissements à long terme ou de la transmission de l’entreprise.

Qu’est-ce qui anime actuellement nos PME?

Dominique Iseli, responsable Clientèle entreprises à la BCBE, est régulièrement en contact avec nos clientes et clients. Il analyse ce qui préoccupe les entreprises dans la situation actuelle.

Qu’est-ce qui préoccupe actuellement les entreprises?

La budgétisation de l’exercice 2025 est à l’ordre du jour du quatrième trimestre 2024, mais il n’est actuellement pas facile de réaliser une planification à long terme. De nombreux chefs d’entreprise et directeurs financiers nous avouent qu’ils doivent être capables de se montrer flexibles et doivent donc opter davantage pour une planification continue.

Les entreprises actives sur les marchés en perte de souffle en particulier doivent en outre mettre l’accent sur la gestion des liquidités. Dans ce contexte, les clientes et clients essaient en général de payer les prestations le plus tard possible, tandis que les fournisseurs réclament que l’argent leur soit versé dans les délais.

En outre, la pénurie de personnel qualifié reste un défi pour de nombreuses PME. En effet, la main-d’œuvre qualifiée se fait rare en Suisse, alors que nombreuses sont les entreprises à compter sur elle car elle contribue, entre autres, à leur succès.

Quel soutien la BCBE apporte-t-elle aux entreprises régionales?

Les besoins des PME varient d’une entreprise à l’autre. C’est pourquoi nous attachons une grande importance à la proximité avec notre clientèle et au contact personnel. C’est ce qui nous permet de trouver le bon produit.

Les entreprises peuvent compter sur la BCBE, notamment pour ce qui a trait à la gestion des liquidités, aux garanties et couvertures, au négoce de devises et à notre propre service Trade Finance.

Nous sommes aux côtés des PME et des entrepreneurs lorsqu’ils ont des besoins sur le long terme également, par exemple pour des financements destinés à des investissements dans des machines, des biens matériels ou des biens immobiliers destinés à développer les activités de l’entreprise.

Ces dernières années, nous avons également mis l’accent sur le conseil et les prestations relatives à la transmission de l’entreprise. En effet, la passation du témoin est un moment clé dans de nombreuses entreprises et n’est pas une mince affaire puisque les parties concernées doivent se poser d’innombrables questions.

Nos spécialistes en transmission d’entreprise soutiennent les clientes et clients de A à Z. De plus, notre équipe Planification patrimoniales propose les principales prestations en matière de planification financière et de fiscalité notamment. Nous disposons également d’un excellent réseau de spécialistes externes. Nous pouvons ainsi accompagner les clientes et clients jusqu’à la remise des clés au repreneur.

Tournons-nous vers l’avenir: les PME locales sont-elles prêtes à investir?

La disposition des entreprises à investir dépend fortement des prévisions conjoncturelles. Ces derniers temps, de nombreux investissements ont été revus ou reportés. Si les perspectives économiques sont réjouissantes, les entreprises seront alors enclines à investir.

Comme nous l’avons déjà mentionné, les signes d’une reprise se multiplient. Nous avons donc atteint le creux de la vague. C’est une bonne nouvelle, en particulier pour les PME qui, en ce moment, doivent prendre leur mal en patience. Mais la situation reste difficile, car il faut un certain temps avant que l’augmentation de la demande se reflète dans les chiffres des entreprises.

Je suis confiant. Je suis les PME de très près depuis de longues années et je peux affirmer qu’elles disposent d’une grande capacité d’adaptation et de beaucoup de résilience.

Avez-vous des questions à ce sujet?

Souhaitez-vous discuter de votre situation et connaître les répercussions que la situation économique actuelle pourrait avoir sur votre entreprise? N’hésitez pas à nous contacter. Nous nous ferons un plaisir de vous renseigner.

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Galerie photos de la soirée PME à Bienne

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