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La présidentielle américaine et ses effets sur les bourses

Les investisseurs ne devraient pas fermer les yeux sur les élections américaines, car leur issue a toujours des conséquences sur les places boursières. Jens Korte, journaliste économique et spécialiste de la Bourse de New York, nous explique ce à quoi il faut veiller et de quelle manière la présidentielle pourrait avoir des effets qui pourraient se faire sentir sur l’économie suisse également.

Une chose est sûre: une élection présidentielle américaine aura rarement été aussi folle que cette année. Après le débat désastreux de Joe Biden et l’image de Donald Trump poing levé suite à la tentative d’assassinat dont il a été la cible, les démocrates ne semblaient plus avoir aucune chance. C’était sans compter le retrait de l’actuel locataire de la Maison Blanche et l’entrée dans la course de Kamala Harris, actuelle vice-présidente, en tant que candidate démocrate, deux évènements qui ont complètement rebattu les cartes.

Il vaut aussi la peine de suivre cette élection d’ici, en Suisse, car le résultat aura des conséquences sur l’économie américaine et probablement, par effet boule de neige, sur la Bourse et les entreprises suisses.

«Les élections américaines ont rarement été aussi folles.»

Jens Korte, correspondant à la Bourse de New York

Jens Korte commente l’actualité de l’économie américaine et notamment l’évolution de la Bourse de New York depuis plus de 20 ans. Tout au long de ces années, il a vécu au plus près les hauts et les bas des marchés, de la bulle Internet aux soubresauts des marchés durant la pandémie de coronavirus en passant par la crise financière mondiale.

La situation économique, décisive pour la présidentielle

C’est la situation économique avant toute chose qui pourrait décider du vainqueur. À première vue, cela semble être une bonne nouvelle pour les démocrates. En effet, l’économie des États-Unis se porte plutôt bien en 2024.

  • Au deuxième trimestre, le pays a enregistré une croissance solide du produit intérieur brut (PIB) de 2,8%.
  • Le taux de chômage, qui a stagné des mois durant à son niveau le plus bas depuis la fin des années 60, est certes remonté mais, à 4,3%, il reste actuellement très faible.
  • La Bourse américaine a enchaîné les records, le Dow Jones ayant par exemple atteint un nouveau plus haut.
  • Le prix de l’or a dépassé pour la première fois de l’histoire les 2500 dollars l’once.

La population prend-elle aussi en compte la forme de l’économie américaine?

Contrairement à la Suisse, les États-Unis ne vivent pas du négoce mais avant tout de la demande intérieure. L’humeur des consommatrices et des consommateurs est donc primordiale pour l’économie.

 Au pays de l’Oncle Sam, la situation n’est pas rose pour tout le monde. Bien que la pression inflationniste ait diminuée ces derniers mois, les prix des logements, des assurances, des voitures et des denrées alimentaires sont aujourd’hui bien plus élevés qu’ils ne l’étaient en 2020. «Ma situation financière est-elle meilleure aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a quatre ans?», voilà la question que doivent se poser les Américaines et les Américains. À n’en pas douter, certaines électrices et certains électeurs y répondront par la négative.

Cela pourrait avoir des conséquences importantes sur le résultat de l’élection. En effet, ce sont les États du Wisconsin, du Michigan, de la Pennsylvanie, de la Caroline du Nord, de la Géorgie, de l’Arizona et du Nevada – appelés les swing states – qui peuvent faire pencher la balance. Là-bas, chaque voix compte. En 2016, Donald Trump avait battu Hillary Clinton pour quelques milliers de voix seulement. En 2020 aussi, Joe Biden n’avait remporté la présidentielle qu’à une courte majorité dans ces États clés.

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Quelle pourrait être la réaction de l’économie à l’issue de l’élection?

L’économie américaine préfère généralement les candidats du Grand Old Party. Wall Street a tendance à pencher en faveur des républicains. La perspective de baisses d’impôts et d’une diminution des réglementations avaient stimulé les cours en 2017, lors du premier mandat de Donald Trump. D’un autre côté, la hausse des droits de douane prévue par l’ancien président pourraient bien alimenter l’inflation.

Kamala Harris, au contraire, s’engage à réduire les coûts pour les citoyennes et citoyens, que ce soit sur le marché immobilier ou dans le secteur de la santé. Elle entend, par exemple, plafonner le prix de l’insuline. Si le gouvernement américain essaie de faire pression sur les prix des médicaments, les entreprises pharmaceutiques suisses pourraient aussi en subir les conséquences.

L’issue de l’élection ne devrait toutefois pas avoir de répercussions négatives sur les rapports entre la Suisse et les États-Unis. Les relations commerciales avec les États-Unis n’ont cessé d’être renforcées au cours des dernières décennies, quel qu’ait été le président en fonction.

Quelle importance la présidentielle américaine revêt-elle pour les investisseurs suisses?

Certes, cette élection a une importance non négligeable mais, en fin de compte, la répartition des forces politiques au Congrès a aussi un certain poids pour la Bourse et l’économie américaines. Sans majorité au Congrès pour soutenir ses réformes, la ou le locataire de la Maison Blanche n’a que peu de marge de manœuvre.

Mais d’autres facteurs, extérieurs à la politique, influencent aussi l’évolution de l’économie et de la bourse. C’est aussi grâce aux programmes d’aide de plusieurs milliards de dollars que l’économie américaine se porte si bien, malgré la pandémie et l’inflation.

Les mesures les plus impopulaires sont généralement mises en œuvre durant la première année de mandat. 2025 s’annonce donc difficile, quel que soit la personne désignée pour succéder à Joe Biden le 5 novembre 2024.

Pour cette raison, je conseille aux investisseurs de privilégier une stratégie défensive: au vu de la situation, je recommanderais d’investir sur les marchés que vous connaissez le mieux, c’est-à-dire le marché suisse, pour la majorité de la clientèle de la BCBE. Bien entendu, il ne faut tourner le dos ni aux géants de la tech, ni aux secteurs de l’intelligence artificielle ou de la biotechnologie, qui sont des incontournables à Wall Street.

Trois questions à Jens Korte

Nvidia ou Tesla?

«Je n’apprécie pas particulièrement Elon Musk, raison pour laquelle je dirais Nvidia. Mais il faut vraiment que les planètes continuent à être alignées pour que le cours élevé soit justifié.»

ETF ou blue chips?

«Difficile de répondre simplement. Je ne dirais qu’une chose: je n’ai pas d’ETF.»

Fed ou BCE?

«Tout se joue de ce côté de l’Atlantique, alors la Fed, sans aucun doute!»

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